Au sujet de la Verdadera Destreza

La Verdadera Destreza est officiellement née en 1569 sous la plume de Jeronimo Sanchez de Carranza qui en pose les premières bases dans La philosophia de las armas.

Mais il faut replacer cet évènement dans son contexte historique : Charles Quint est mort un peu plus de dix ans avant et son fils, Philippe II, règne sur un empire comprenant la majeure partie de l’ Europe, même s’il s’est érodé au fil du temps.

Sous le règne de Charles Quint, les armées espagnoles ont combattu des ennemis très différents, ce qui a très certainement mené à une pratique de l’escrime militaire pouvant répondre à ces différents types d’opposants : à cette époque, chaque pays, voire chaque maître d’armes, avait son style d’ escrime, ce qui, pour une armée les combattant presque à tour de rôle, a nécessité une certaine forme d’adaptation et a mené à la Destreza « vulgaire ».

La Verdadera Destreza, telle qu’ imaginée par Jeronimo Sanchez de Carranza, a ceci de particulier qu’elle est d’abord une construction intellectuelle, basée sur la géométrie euclidienne: il s’agit d’ une modélisation mathématique, bien avant l’avènement des ordinateurs, permettant de savoir que répondre à chaque mouvement de son opposant grâce non pas à des techniques clefs en main, mais à un ensemble de règles à respecter. Il s’ agit avant tout d’une construction théorique basée sur un certain nombre d’hypothèses (rappelez-vous les théorèmes de votre adolescence) : les adversaires doivent avoir la même taille, la même épée, être de même force et sont positionnés à angle droit au départ de chaque mouvement.

Et, donc, il ne sera pas simple de reconnaître, dans un duel, celui qui pratique la Destreza (quoique), puisqu’ il n’ y a que des règles, chaque escrimeur pourra développer sa propre escrime autour de celles-ci.

Enfin, de par sa construction, la Verdadera Destreza est avant tout un système défensif, même si, comme ne le cesse de répéter Juan, notre maître d’ armes, « tout mouvement doit se terminer par un avantage ou une blessure ».

Dans les faits, et ici j’ exprime une opinion personnelle, comme dans toute forme de combat, les notions de défense et d’attaque sont très floues. On parlera plutôt d’ avantage momentané ou, mieux encore, de contrôle du combat, ce qui est fortement aidé par la philosophie de la Destreza.

Si je devais résumer cette pratique, je dirais que tout réside dans le contrôle de la lame de l’opposant.

Quoique: si je ai été séduit par cette escrime et ai décidé de suivre cet enseignement, c’est essentiellement dû à la façon dont j’ai vu Juan bouger lors de démonstrations qu’il faisait au marché médiéval de Etterbeek. Cela m’a rappelé ma propre façon de me mouvoir lors de combats de Judo que j’ai longtemps pratiqué.

Je sais que la comparaison est osée, mais de nombreux éléments les rapprochent : système d’autodéfense, déplacement sur le cercle ou les transversales, chaque mouvement doit avoir une finalité, etc.